Nous avons le regret...


À force d’essuyer des refus, une chose est certaine, il y a quelque chose de luisant qui va en sortir…

Non.

Aujourd’hui, je voudrais vous entretenir d’un sujet qui obnubile certains auteurs…

Non.

Bien entendu, nous avons tous, comme toi, un mur qui en est tapissé. Ça, c’est quand on daigne te répondre…

Non. Peut-être.

Bon, j’ai compris, j’écris de la marde. Les lettres de refus sont une forme de chasse d’eau…

Non.

Il y a la générique, la sentie, la griffonnée au crayon mine sur du papier quadrillé (je vous le jure!), la sincère, la…

Je suis certain. CERTAIN. Que ce soit par la poste. Que ce soit par courriel. Ce n’est pas un coup de téléphone.

À la limite, pas besoin de lettre de refus. Une adresse de retour. Le «De:» de la boite de courriel.

On le sait, on n’est pas fous. C’est un refus.

Mais il y a quand même une attente. De comment que cette maison-là va me le dire… De quels mots de politesse elle va choisir dans le dictionnaire de la diplomatie. Genre…

J’ai une propension au masochisme. Surtout quand t’as pas de nouvelles.

Alors tu sais que tu n’es pas une perle, mais bien constitué d’une génétique boueuse. Je l’ai lu ici. (Maso je vous dis. Mon texte, c’est de la bouette)

Mais quand les gens vous répondent, il y a de ceci: «Je suis désolée de vous informer que nous ne publions pas de romans qui s’apparentent à la paralittérature.»

Et que mon texte, de toute façon, est trop court. (Je le sais, mais je l’ignore.)

Ou encore un autre type qui souligne qu’il n’en publie qu’une dizaine (quand t’en reçois des centaines) et qu’au bout du compte, le coup de coeur n’est pas là.



Puis sur Facebouette l’autre jour: Perro éditeur ferait un appel à texte.

Et là, la lettre de refus, la plus originale reçue. Un refus à choix multiple.

Une phrase: « Ne respecte pas la politique éditoriale que PE désire développer ».

Je m’en doutais, mais sait-on jamais.

Puis, une liste, comme des choix multiples, et rayés. (Dans le sens, ce n’est pas pour ces raisons là.)

- N'a pas suscité un intérêt suffisant
- Le style employé ne convient pas
- Qualité du texte jugée trop pauvre

Puis, une conclusion : «nous avons cependant apprécié la qualité de l'écriture et l'originalité du récit.»

Je sais, pour l’avoir lu ailleurs sur le Web, que les trois choix rayés ont été les mêmes dans une autre lettre de refus. Diffèrent cependant, la raison principale et la conclusion que je qualifie « d’encourageante ».

Bon, avouez que ça fait différent. Mais je gagerais que les trois choix cités plus haut seront toujours rayés.

Je trouve ça très gentil comme manière de présenter les choses.

Mais je sais surtout une chose. Je m’obstine. Si j’étais éditeur, je me refuserais.

Drette de même. À ceux et celles qui m'ont lu, je vous remercie de votre temps.

Être honnête avec soi-même, c’est un muscle. Il s’atrophie.

Et j’ai besoin d’exercice.

9 commentaires:

Dekhockeytown a dit…

Qu'est-ce que l'auteur veut vraiment recevoir dans sa lettre de refus? Déjà qu'il ne voulait pas ce refus...

Il est certain que les éditeurs ne peuvent pas élaborer en profondeur ce qui leur a déplu dans un texte, mais l'auteur, lui, qu'est-ce qui attend de ces quelques lignes qui lui disent que ces efforts ne sortiront pas de son ordinateur?

Recevoir un refus avant l'accusé de réception, est-ce un manque de diplomatie?

Ne donnez aucun accusé et aucune nouvelle, est-ce mieux?

Mais au fond, l'auteur désire être publié et confronter un refus, c'est confronter un sentiment de déception et de tristesse.

Peu importe le contenu de la lettre de refus, puisque l'auteur n'atteint pas son rêve, je crois qu'il sera un éternel mécontent et c'est normal!

Sylvie a dit…

Excellent, ce billet.

J'ai lu un bouquin humoristique (le titre m'échappe, désolée), il y a quelques années, qui était un ramassis de lettres de refus d'éditeurs : la courte, la déprimée, la timide, l'agressive, la compliquée, etc. À se tordre de rire ... parce que, bien sûr, mieux vaut en rire. ;)

Gen a dit…

Et pourquoi est-ce que, si tu étais un éditeur, tu te refuserais?

Si ta raison n'est pas une excuse du genre "parce que je suis pas génial" ou "j'écris pas comme un tel", ben c'est le temps de rouler les manches et de se mettre au boulot! ;)

Pis oui, j'pense qu'on a tous de quoi tapisser un mur avec nos refus. Mais comme j'suis pas assez maso pour le faire, j'ai surtout un volumineux dossier dans mes archives personnelles...

Et, malheureusement, il continue de grossir!

Lucille Bisson a dit…

Et si tu traitais le tout comme un journaliste ! Comme le journaliste patient, déterminé, fonceur, curieux, imperturbable et intraitable que tu étais et que tu es encore, au fond de toi.

Cet être qui ne reculait devant aucun refus, qui défonçait de portes pour arriver à ses fins, qui ne baissait (jamais) les bras et surtout qui était convaincu de son talent et de ses possibilités.

C'est quoi ces idées de s'autoflageller et de se s'autolapider, ainsi. Moi je crois en ton talent. Il est immense ce talent. Il est à découvrir ce talent. Donne-toi une (dix, cent, mille) chance et n'abandonne pas.

Si je peux t'aider, n'oublie pas que tu peux compter sur moi. Alors, stp, remets-toi au travail au plus sacrant et publie-nous ce roman que j'attends avec impatience.

PS: N'oublie pas, je donne les meilleurs coup de pied au cul qui puisse se faire dans tout l'Abitibi ;)

ClaudeL a dit…

Je suis pour le dire les refus, pas fait croire au monde (disons aux auteurs qui essaient)qu'il m'y a que des acceptations. Comme nos parents qui ne nous disaient que les bonnes nouvelles pour ne pas nous faire de peine. À nous épargner, on a appris à vivre hors de la réalité et à ne pas savoir comment affronter les refus, à croire que ce sont des rejets et des preuves qu'on n'est pas bons. À ne pas savoir comment réagir avec nos propres jugements.
Une fois le mur tapissé, une fois l'apitoiement passé, sois tu jettes le texte, sois tu le retravailles.
Mais il fallait le dire, avant de passer à l'étape suivante.

François Bélisle a dit…

@Benoit: Tout à fait!
@Sylvie: Merci. Rire, c'est ce que j'essayais.
@Gen: parce que mon texte manque d'épices, d'une certaine profondeur et que je suis un entêté. Ce texte a été une pièce de théâtre qui a connu 6 versions et un court roman, qui en a connu 2. Il manque quelque chose: de tripes.
@Lucille: j'optais plus pour l'ironie que l’auto flagellation. Merci pour ces compliments!
@Claude: Dans le mille! Au fond, c'est cette décision que je ne suis pas capable de prendre: «sois tu jettes le texte, sois tu le retravailles.»

Gen a dit…

Ce texte a été une pièce de théâtre, dis-tu?

Et si tu te jouais dans ta tête? Tu imagines qui tu veux dans le rôle que tu veux (pas de limite de budget) et t'essaie de voir le résultat.

Sinon, moi je suis souvent une partisane du "jetez et passez à autre chose"...

Quitte à y revenir plus tard.

François Bélisle a dit…

@Gen`: et tu en as même lu une version!

Gen a dit…

Encore celui-là? Hum... Je répète, je suis une adepte du "passez à autre chose" ;)

Je pense que ce texte a du potentiel, mais t'es ptêt pas rendu là, tout simplement.