Je ne voulais pas...

Non.

Mais j'ai le sentiment que je fais partie d'une famille. Nouvelle, mais une famille.

Je ne voulais pas...

Karuna
a mis le doigt dessus. C'est comme ça que je me sens. Je ne connais Pleine Lune ni d'Ève ni de l'autre.

Quand ça va bien, on ne pose pas de questions. On file en avant.

Mon chum, redevenu poussière, est parti il y a tout juste deux mois. Ma conjointe, adjointe dans un bureau d'avocat, peut me citer deux cas à son cabinet de femmes qui luttent.

Au ministère où je travaille, une adjointe d'un département entre dans le rang de la salope.

J'arrête, mais depuis le printemps dernier, j'en entends parler davantage que la H1N1 à la belle époque.

Alors tu files pour prendre une grande respiration et souhaiter ne pas être choisi.

La vie est «fuck all» dans sa plus belle expression avec toujours ce mot: pourquoi?

Pourquoi mon frère plus vieux est décédé dans mes bras il y a 11 ans ? Parce que.

Pourquoi mon chum est parti avec deux belles filles seules dans l'adolescence ? Parce que.

Pourquoi une adolescente de mon entourage s'est tapé deux ans de procédures pour avoir été victime de ce que vous soupçonnerez sans doute, dès l'âge de 4 ans. Parce que.

Parce que depuis quelques semaines, je pense qu'il faut que je longe le mur. Pas un mot. On ne veut pas être choisi. Pas à cette loterie.

Parce que nous sommes humains.C'est plate, mais qu'est-ce que je pourrais dire à Pleine Lune qui pourrait faire la différence. Rien. Comme à tous ceux et celles qui souffrent et que je ne connais pas.

Je vais être d'une froideur. Quand mon frère est décédé, je n'ai cessé de répéter, et je le fais encore, que la route qui nous mène au cercueil est plus courte qu'on pense.

Alors, on met un pied devant l'autre, on se demande ce qu'on fait ici, on ne comprend rien. La vie est «fuck all».

Savourons tous nos plaisirs. Bourgault en a fait un titre de recueil. Nous sommes biologiquement faits comme ça.

Quand t'as pas une grippe d'homme, tu peux parler de Carey Price plus longtemps que de politique internationale.

Quand tu vois Labeaume se démener pour une patinoire, la vie prend une drôle de tournure.

Quand ça va bien, tu poses pas de questions. Sauf peut-être pourquoi Clown Poirier est encore là.

Quand ça va mal, on referme les rangs et on s'encourage. Le plus difficile. Perdurer dans le soutien.

La vie est «fuck all». Mais elle est belle quand elle donne du lousse.

Je ne voulais pas... Mais tout ce qu'on veut c'est vivre. Non.

Ne même pas penser qu'on vit. Ça veut dire que ça va bien.

C'est comme le bonheur. Il existe quand tu arrives au point que tu n'y penses pas. C'est vrai. On pense au bonheur quand ça va mal.

J'arrête. Bouette, mais je vous aime.

5 commentaires:

Pat a dit…

Je vois mal comment le dire autrement.

Tout est là.

Karuna a dit…

Ensemble. Tu as raison, y'a pas d'autres moyens.

Gen a dit…

Espérer le mieux, se préparer au pire et savourer tous les instants de calme. Que faire d'autre?

Elisabeth a dit…

Tu l'as bien très bien dit; rien... Et c'est correct comme ça. Juste de savoir que tu y as pensé, c'est amplement suffisant pour faire une différence... ;)

ClaudeL a dit…

Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui m'ont émue dans ma vie. Voilà, c'est fait, tu as réussi.
Ça ne change rien, mais être émue, c'est aussi être en vie.