Poussières...

Pas facile de trouver une femme de ménage quand tu n’en as jamais eue.

Pas facile de franchir la frontière de laisser une étrangère qui pourrait fouiller dans vos affaires.

Il y a plus d’un an, même 18 mois je dirais, j’ai réussi  à convaincre Copine que j’avais trouvé.

La cousine de la directrice du bureau où je travaille. Simple comme passeport : déjà quatre personnes faisaient affaire avec elle. Facile de recueillir les références! Et puis, quelqu’un qui fait le ménage chez cinq des huit personnes qui travaillent au bureau n’a pas beaucoup de marge d’erreur.

J’ai gagné le gros lot il y a quelques mois lorsque Carole a perdu une cliente. Elle a accepté de venir chez nous toutes les semaines au lieu de deux fois par mois.

Seulement quelques minutes par semaine. Carole arrive. Copine et moi partons pour le boulot. Rires quand je suis plus lent, ce matin d’hiver où pour la première fois, je me présente à elle en boxer. Confidente l’autre matin où je suis chic parce que je vais à une entrevue.

Carole, une femme hyper généreuse, simple et directe.

Mercredi 21 mars, Carole arrive comme prévu. Elle reçoit l’appel de sa fille qui se rapporte. Ce jour-là, fière comme ça se peut pas parce qu’elle a, l’espace d’un moment, pensé à elle en s’offrant un cours de fondant à gâteaux. Son hobby d’antan. Un soupçon de culpabilité dans le ton et les yeux puisque son copain est au chômage.

Petit échange en ce matin sur les gâteaux de mariage et la vie de travailleur autonome et de la méchante compétition qui coupe les prix. Tellement méchante que Carole a laissé les gâteaux pour la poussière des autres.

Il fait beau, Carole nous salue en ouvrant la fenêtre moustiquaire de la porte d’entrée alors que nous entrons dans la voiture.

Jeudi matin. J’arrive au bureau.

Carole est décédée subitement pendant son sommeil.

Paf!

Vendredi midi, Boubou, le plus vieux de Copine, vient diner à la maison. En mettant ses bottes de travail avant de quitter, il passe une remarque en regardant le réfrigérateur. Nous avons, à la maison, de minuscules billes aimantées sur le frigo. On peut sculpter à sa guise.
«Hon, vous avez un petit cœur…»
Copine de répondre : «C’est Carole qui l’a fait…»
Et moi d’apprendre quelques jours plus tard, qu’elle avait fait la même chose avec le collier d’une collègue sur son bureau de chambre.

Je vous le dit. Il n’a pas bougé.

Salut Carole!
 (et je lui ai dit à six pouces du nez au salon, ma mossusse! La même journée que la fête de Copine et du dépôt du budget fédéral. J’ai hâte qu’y fasse beau. Mais j’écris.)

8 commentaires:

Sylvie a dit…

Je cherche quoi te dire ...
Câlin.

Gen a dit…

Poussière... Fleurs de cerisier...

Dans tous les cas, me semble que le vent souffle fort depuis quelques temps.

Écrire, oui. Les mots c'est comme les coeurs sur le frigo : ça reste.

Pierre H.Charron a dit…

Ouf...(silence virtuel)
Réconfort.

Pat a dit…

Présence virtuelle pour dire «ouf...» moi aussi...

Isabelle Simard a dit…

Je vais écrire vite car j'ai les yeux plein d'eau. Mes sympathies à vous.

richard tremblay a dit…

Sais pas quoi dire, François, parce qu'il n'y a vraiment rien à ajouter... On dirait 2010 à nouveau.

François Bélisle a dit…

Merci tous. XXX

Lucille Bisson a dit…

Je la connaissais mais je n'étais pas proche. Ton texte me l'a fait découvrir d'un autre oeil. Vraiment...